Pour un Internet neutre, transparent et militant

[LeProgrès] L’anonymat sur le Web est un droit

La semaine dernière, Jean-François Mourgues, notre président, a rencontré @LaurenceLyon pour une interview.
Celle-ci vient de paraître sur le site du Progrès !

En voici un extrait :

Le Progrès : 2013 aura révélé le scandale de la NSA. Comment cet organisme at-t-il pu organiser une telle surveillance ?
Jean-François : Simplement parce que c’était possible. Tout le monde est connecté avec tout le monde, au niveau mondial. Il leur était aisé de surveiller les câbles sous-marins qui transportent les données. Ensuite, nous utilisons des services centralisés, tels Google, Facebook, qui simplifient la surveillance : avoir un regard sur ces serveurs est plus simple que surveiller des millions de serveurs privés.

Le lien vers l’article original (édition « abonnés », attention) :
http://www.leprogres.fr/rhone/2014/01/14/l-anonymat-sur-le-web-est-un-droit


Illyse @ Expériences Numériques : le compte-rendu

Ce samedi 11 janvier, nous étions présents à la MPT/Salle des Rancy pour présenter un cycle de conférences dans le cadre de l’événement « Expériences Numériques » .

Nous pouvons dire d’emblée que nous sommes contents : la petite salle de conférences qui nous a été allouée était comble, et les différentes conférences ont permis de lancer des débats riches (parfois passionnés) avec la salle. Des questions pertinentes ont été posées.

Internet et FAI associatifs

En ce qui concerne la conférence sur le fonctionnement d’Internet et les FAI Associatifs, nous avons eu droit à un public peu nombreux, mais très attentif.
Dans cette conférence, zorun a commencé par expliquer comment fonctionnait Internet et en quoi il consistait : Internet est un réseau de réseaux, et c’est le plus gros réseau de réseaux au monde (il est accessoirement rempli de chats). Il a rappelé que le web n’était que l’un des différents services que proposait Internet.
Ensuite, il a expliqué quel était le rôle du FAI : donner accès à Internet, puisqu’il est un point de passage obligé entre vous et le réseau, ce qui lui confère de grand pouvoirs, comme celui de censurer certains contenus ou de ralentir certains services.
D’où l’importance d’un FAI qui respecte la neutralité du Net, comme Illyse ou les autres FAI de la Fédération FDN.

Des questions pertinentes ont été posées par un public, volontiers enclin au débat. Entre autres :
– « à qui se plaindre lorsqu’il y a atteinte à la Neutralité du Net ? » Réponse : en France, on peut faire remonter le problème à son député, à l’ARCEP également. On déplore que loi ne protège pas encore la neutralité du Net, ce qui faciliterait les démarches. En Europe, la plateforme Respect My Net peut être un moyen de recenser les atteintes à ce principe. Ailleurs, nous manquons de ressources pour répondre.
– « est-ce que c’est difficile de s’abonner à un FAI associatif sans rien connaître à l’informatique ? » Réponse : non, l’installation d’une ligne ADSL associative n’est pas très compliquée. Et, de toutes façons, nous sommes là pour expliquer comment cela fonctionne, pour donner un maximum d’indépendance à l’abonné en cas de problème.
Les slides de cette conférence sont disponibles ici.

PRISM & les enjeux de l’espionnage généralisé

Heureusement pour le public, jfm n’a pas présenté toutes les révélations de Edward J. Snowden : la conférence aurait duré deux heures, et le moral du public aurait été bien bas à la fin !
Le président de notre association a choisi un format conférence-débat : après avoir rappelé ce que PRISM notamment signifiait en termes de surveillance généralisée (« Cela va au delà de ce que prévoyait Orwell dans 1984. » avait-il remarqué), il s’est axé sur les questions que cela posait à chacun concernant sa pratique des médias en ligne.
Carte à l’appui, il a pu démontrer que ce qui rend la surveillance généralisé aussi simple, c’est qu’il suffit d’espionner Google et Facebook
On a rappelé que c’était le bon moment pour (re) lire : 1984 de Georges Orwell, Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley et La zone du dehors d’Alain Damasio.
La conférence a été suivie d’un débat passionné : quelles alternatives face à la surveillance généralisée ? Comment s’en sortir sans défausser trop sur le confort et la facilité d’uilisation ? On a dû couper court au débat pour que la conférence suivante puisse terminer à l’heure !

Les dessous du cloud

C’est St3rk, adminsys chez Rezopole, qui a présenté cette conférence. Son objectif ? Au delà du rêve que l’on nous vend en parlant d’« informatique dans les nuages », il a décidé de nous rappeler les risques d’utiliser de tels services.
Il a commencé par énumérer les différents types de cloud (Software as a Service, Platform as a Service et Infrastructure as a Service) puis a mis en avant leurs faiblesses : aucune maitrise des mises à jour, du matériel, espionnage…
St3rk a également présenté des alternatives, en allant du plus compliqué (mais plus sûr, l’autohébergement), au plus simple, avec notamment les outils de nos amis de Framasoft –en AG pas très loin de là où nous étions– comme alternative à Google.
Ses slides sont disponibles ici.

Atelier autohébergement

Elzen avait préparé un atelier autohébergement…qui s’est terminé en conférence ! Malgré le fait que la configuration de la salle s’y prêtait mal et que peu de gens dans le public aie apporté son ordinateur pour manipuler, il a pu tout de même expliquer pourquoi l’auto-hébergement était intéressant comme solution, et donné des idées de services que l’on peut héberger chez soi.
Elzen a ensuite montré comment on installait un petit serveur web, ainsi que les premières commandes nécessaires à l’installation d’un serveur mail. Ses slides, ainsi que les explications précises pour se lancer dans l’autohébergement sont ici.

Le public a posé beaucoup de questions, et plusieurs personnes (dont une personne agéée dont on peut saluer la curiosité) auraient été ravis de participer à un vrai atelier.
On a lancé l’idée d’en organiser un à la MPT : les gens viennent avec leur PC et repartent avec un serveur mail. A suivre…

Au total, si les thèmes des conférences étaient ambitieux (un peu déprimants, certes, mais à la fin, on gagne, comme dirait Jérémie Zimmermann), le public a été très agréable : attentif, curieux, enclin au débat, et surtout, pas forcément composé de geeks, déjà acquis à la cause. C’est donc un événement positif à tous les points de vue.

Et après ?

…Et après, on est allés boire les bières !
On avait une bonne raison de fêter ça : sur la totalité de la journée, Expériences Numériques a attiré plus de 25O personnes, répartis entre les différentes activités : atelier musique libre, install party, conférences…il n’y a pas que nous que le bilan de cet événement a réjoui :)


Table ronde « Internet et biens communs » à la MPT le 17/10 – Compte-rendu

Le 17 octobre, nous avons organisé une table ronde, dans le cadre de Lyon en Biens Communs.

Nous proposons ici une analyse de cette discussion, avec le contexte nécessaire à sa compréhension.
La retranscription brute de la discussion est disponible ici : table_ronde_Internet.txt
Intervenant-e-s, de gauche à droite (vue depuis la salle) :

  • Jacques Raynaud , directeur MTP.
  • Jérôme Leignadier-Paradon, secrétaire régional (RA) du PP.
  • Jean Marie Chosson, élu EELV.
  • Jean-François Mourgues, président d’Illyse
  • quota_atypique, membre du bureau de la Fédération FDN, bénévole à La Quadrature du Net
  • Pierre Col, blogueur à ZDNet et directeur marketing chez Antidot
  • Romain Blachier (adjoint au maire du 7ième), blogueur, chroniqueur web.
  • Pierre-Yves Gosset, Framasoft

I – Que sont les biens communs ?

1) Définition.

Les biens communs sont des biens pouvant profiter à tou-te-s, sans exclusivité d’usage. Par exemple l’air, un banc public, ou la culture.
Internet répond à cette définition : il est le fruit d’une interconnexion de réseaux, et permet d’échanger des informations, d’apprendre, de se cultiver. Internet est à la fois un moyen d’accéder à des biens communs, mais aussi de les créer et de les améliorer.

Un bien commun peut-être le fruit d’une contribution collective : la culture en est un très bon exemple. Tout ce qu’on y apporte est basé sur des contributions antérieures.

2) Erreurs couramment répandues.

Il existe une confusion entre « bien commun » et « gratuit, libre d’accès ». Par exemple Facebook semble gratuit et libre d’accès, mais ses règles d’usages sont fixées par une entité privée (l’entreprise Facebook), et son usage implique une contrepartie : collecte de données personnelles et publicité.
Dans l’espace physique, un bar n’est pas non plus un bien commun : c’est un espace privé ouvert au public.

De même, on tend à confondre « bien public » et « bien commun », par opposition à « bien privé ». Un bien commun peut être public, privé, résulter de l’interaction entre biens publics et privés (c’est le cas d’Internet), ou en dehors de cette dichotomie : Romain Blachier donne l’exemple de terres paysannes gérées collectivement.

II – Problèmes soulevés par l’existence de biens communs.

1) Conflits avec d’autres valeurs.

Dans une économie de marché, les biens communs posent la question de savoir qui les finance et les entretient. Ce problème suscite plusieurs réponses : des acteurs différents peuvent voir un intérêt collectif à la création d’un bien commun et décider d’y contribuer ensemble. C’est le cas de Lyonix, point d’échange de trafic Internet : chaque opérateur bénéficie de son existence. La collectivité dans son ensemble en profite aussi.

Les biens communs posent aussi un problème de responsabilité, qui a été peu évoqué dans le débat : dans une société où chaque problème doit avoir un responsable clairement défini, qui est responsable des dommages qu’un bien commun peut causer ?

[Note : N’hésitez pas à apporter votre contribution sur cette question, l’espace de commentaires est fait pour ça.]

L’extrême lenteur de l’adoption des logiciels libres est certainement causée par cette question : les entreprises et administrations ont peur de quitter des logiciels ayant un éditeur bien défini, reconnu, pour des logiciels qui semblent avoir été créés par « on ne sait pas qui » et n’offrir aucune garantie. Jérôme va également dans ce sens, en rappelant que personne n’a jamais été viré pour avoir acheté des produits Microsoft. Il est nécessaire de cautionner les logiciels libres par du « sérieux institutionnel », comme le fait Jean Marie Chosson.

La même critique revient souvent au sujet de Wikipedia : on ne saurait pas qui écrit, n’importe qui pourrait raconter n’importe quoi.. il y a clairement des mentalités à changer.

Le droit d’auteur, et les droits moraux associés à une œuvre, sont actuellement en opposition frontale avec la notion de bien commun. Pour qu’il y ait bien un bien commun culturel, il est nécessaire que les personnes y contribuant fassent la démarche volontaire de détourner leur propre droit d’auteur afin d’expliciter leur volonté de partage : c’est la raison d’être des licences libres.

Le concept de « bien commun » peut également rentrer en opposition avec celui de vie privée –c’est là aussi un point de débat qui n’a pas été abordé mais que nous vous soumettons. En effet, Pierre Col a évoqué la situation de l’auto hébergement : je participe à « faire » Internet en m’autohébergeant (j’héberge mon blog, mes mails, ce sont des morceaux d’Internet), mais est-ce que pour autant les photos de mes vacances sur mon blog (autohébergé) sont un bien commun ?

2) Obstacles à une société basée sur la mise en commun de certaines ressources.

Le débat public et la vie politique sont défavorables à une réflexion sur les biens communs. Il y a des sources de confusion, comme l’articulation public/privé. Également une méconnaissance d’Internet en général (son fonctionnement, sa culture). Enfin, les personnalités politiques sont généralement peu enclines à partager leur pouvoir (y compris le pouvoir médiatique : avoir une tribune publique) qui tend à les rendre méfiantes vis à vis d’Internet. Cette méfiance se retrouve par exemple dans les difficultés d’accès aux données publiques, qui devraient être disponibles via Internet.

Certains choix techniques sont également défavorables à une orientation d’Internet vers un monde de bien communs : Pierre Col pointe du doigt le fait que l’asymétrie des débits ADSL incite à héberger son contenu chez Facebook plutôt que chez soi. Une telle situation défavorise l’existence d’un bien commun que constituerait un réseau de petits serveurs échangeant des liens et du contenu, au profit d’une architecture centralisée.

III – Avenir des biens communs.

1) Efforts privés.

Les initiatives privées suscitées par la coopération peuvent construire des biens communs. Les GIX en sont un bon exemple. Internet aussi.
Parfois, un seul acteur privé peut mettre en place un bien commun, et/ou un outil permettant de construire du bien commun : on peut citer Wikipedia, ou le framapad proposé librement par Framasoft.

2) Efforts publics.

Les institutions publiques ont un rôle majeur à jouer. Elles doivent faciliter l’accès aux données publiques, en faisant des choix techniques et juridiques allant dans ce sens. Il n’est par exemple pas normal qu’on ne puisse pas disposer de l’ensemble des lois sous forme d’une base de données librement modifiable et diffusable.

Quand les pouvoirs publics confient à un organisme privé une mission d’intérêt public (c’est exactement ce qu’est une DSP), ils doivent veiller à ce que cette mission soit remplie. Dans les faits, certains acteurs privés tendent à détourner le bien commun pour en faire un outil ne servant que leurs propres intérêts.

Les générations futures doivent être formées à un usage intelligent d’Internet. C’est délicat : il y a d’une part l’incompréhension des pouvoirs publics (Sandrine Nerva dit au sujet du B2I : « Mort de rire« ), et l’emprise qu’ont les gros groupes privés (Facebook, Google) sur les esprits.

3) Efforts citoyens.

Les FAI associatifs sont une démarche citoyenne d’amélioration d’Internet et de renforcement de son intérêt public.

À titre individuel, chacun-e peut contribuer à « améliorer l’ambiance » sur Internet afin d’en faire une richesse. Il y a une tendance à interagir dans le but d’obtenir une contrepartie (réputation, « score »), pas forcément pour rendre service à la communauté, comme l’a fait remarquer Romain Blachier. Internet est ce que nous en faisons.


Lyon en Biens Communs : c’est parti !

Hej tout le monde !
Le festival « Villes en Biens Communs » a officiellement démarré. Et Illyse est de la partie, bien évidemment.

Nous avons organisé ou participé à l’organisation de quatre des nombreux événements que va compter ce festival : une table ronde à propos d’Internet, un hackathon, un atelier Wiki, et un atelier Partage de données. Alors n’hésitez pas à venir nous voir !

Nous vous avons déjà parlé de l’atelier Wiki, ainsi que de la table ronde, qui n’ont pas bougé.
Ce dont nous ne vous avions pas encore parlé, en revanche, c’est de l’atelier Partage de données, animé par Elzen (avec l’aide précieuse de quelques autres membres de l’asso), et qui ouvrira le bal, puisqu’il a déjà lieu demain soir.

Hackathon

Et puis, nous mettons également en place un hackathon, c’est-à-dire un truc où des gens vont se réunir pour essayer de coder rapidement quelque chose. Pour le quelque chose en question, nous avons choisi un sujet qu’on aime bien, chez Illyse : le réseau. Oui, mais, pour changer un peu, un réseau physique.

Le but sera de mettre en place une application ouverte et accessible permettant aux utilisateurs de se renseigner sur les transports en commun dans notre région… et dans d’autres régions aussi, éventuellement, si les autres villes en Biens Communs décident de suivre le mouvement.

Notez bien qu’il s’agit d’un hackathon collaboratif : le but n’est pas que chacun code dans son coin et que le meilleur gagne, mais au contraire de se regrouper pour faire quelque chose de bien tous ensemble. Nous cherchons à obtenir, au bout des deux séances, une base fonctionnelle, qui pourra néanmoins être étendue par la suite.

Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à participer, ou à nous faire un peu de pub’. Le texte de présentation est disponible sur http://www.illyse.net/archives/824, n’hésitez pas à le reprendre de votre côté !


Illyse avec les Biens Communs


Les biens communs, ce sont tous ces lieux et toutes ces choses qui nous entourent, dont on profite sans y penser au delà des relations commerciales habituelles.

Illyse organise une série d’événements dans le cadre de l’opération Ville en biens communs en partenariat avec le collectif Lyon en Bien Communs et la MPT

Au programme :

  • Atelier prise en main des outils de partage avec Elzen le 08 octobre de 19h30 à 21h
  • Participation à l’atelier Wiki le mercredi 09 octobre de 16h à 19h avec Oui Share à la MPT pour faire avancer le WikiGuill
  • Table ronde internet et savoirs communs le 17 octobre à partir de 19h 30
  • Hackathon les 18 et 19 octobre avec le collectif OpenData69

Ces événements auront lieu à la Maison Pour Tous : MPT Salle des Rancy

Ville en biens communs

Nos partenaires :


L’emprise numérique ?

Note : ce qui va suivre est une forme condensée du double article que j’ai publié hier sur mon blog ; vous en trouverez donc une version plus complète ici et .

Comme vous le savez, l’association Illyse était présente le week-end dernier au pôle numérique du salon Primevère. Au cours de ce salon, plusieurs d’entre nous se sont rendus à la conférence dans laquelle Cédric Biagini présentait le point de vue qu’il défend également dans son livre L’emprise numérique : comment Internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies.

Cette conférence contenait de nombreux éléments intéressants, mais pas nécessairement dans le bon sens du terme : l’auteur a fait de nombreuses approximations et confusions assez importantes qu’il convient de souligner autant que les quelques bonnes idées qu’il a avancé.

En premier lieu, l’auteur a mentionné la HADŒPI, créée par la loi « création et Internet », en la présentant sous un jour assez peu réaliste. Pour ceux qui l’ignoreraient, cette loi, et cette « haute autorité » ont fait l’objet, en 2009, de débats houleux à l’Assemblée Nationale.
Et pour cause : proposée sous l’impulsion des entreprises d’édition de contenue, la loi visait à contraindre les fournisseurs d’accès à Internet à suspendre l’accès de leurs abonnés lorsque ceux-ci étaient soupçonnés (sans passage devant le juge) de téléchargement illégaux d’œuvre sous copyright (rappelons au passage que le copyright concerne les restrictions au droit patrimonial, comme les mesures anticopies ; il est donc différent du droit d’auteur, qui concerne le droit au respect de l’œuvre et de son auteur).
Cette loi a été, dans sa première forme du moins, rejetée par le Conseil Constitutionnel, comme Maître Eolas l’a explicité à ses lecteurs à l’époque, car elle écornait deux principes fondamentaux : la liberté d’expression et la présomption d’innocence, en parfaite opposition à la neutralité du réseau que défend Illyse.

Ensuite, il a présenté une histoire de l’informatique et du mouvement Hacker qui était quelque peu douteuse sur certains points, notamment le fait qu’il semblait considérer Bill Gates et Steve Jobs comme des Hackers, quand ceux-ci, s’ils étaient, il faut le reconnaître, des commerciaux assez doués, n’ont jamais eu les compétences techniques requises pour prétendre à ce titre.
En résultat de cette histoire approximative, il posait un « numérique » décrit comme une entité unique, encourageant par nature la subordination aux réseaux privés de Facebook, Twitter, Google et compagnie, sans qu’il y ait de différence notable entre l’enthousiasme suscité par l’influence des réseaux sociaux dans les révolutions du printemps arabe et celui suscité par la sortie du dernier smartphone à la mode ; et dans lequel le mouvement du logiciel libre n’était plus qu’une exception négligeable tentant de détourner le système sans le moindre espoir de succès.

Il posait également que l’accès à de grandes quantités d’informations apporté par le numérique, parce qu’il n’était pas suffisant pour permettre la société du savoir, n’en était pas non plus nécessaire, ce qui est d’une logique quelque peu douteuse.

Cependant, malgré ces points, et quelques autres, il a également abordé des éléments avec lesquels on peut plus facilement être d’accord.
Notamment, citant le sociologue allemand Hartmut Rosa, il a explicité en quoi les ordinateurs, conçus à la base pour nous faire gagner du temps, nous donnaient au contraire l’impression d’en manquer toujours plus, car l’augmentation massive des possibilités compense assez facilement l’efficacité accrue de nos opérations.

Il a également avancé un point, déjà soulevé par la communauté du numérique, selon lequel la très grande disponibilité des informations peut tendre à nous faire perdre l’habitude de se concentrer sur un sujet en particulier, ce qui peut parfois poser quelques problèmes.

Son conseil, en réponse à ces points, est, me semble-t-il, un bon conseil : nous ne devons pas devenir dépendant de nos outils, et savoir prendre du recul et nous débrouiller sans leur aide ; plutôt que de chercher à combler le temps gagné par l’utilisation de l’informatique pour mener d’autres activités, il est important de savoir en profiter pour se reposer, pour méditer, pour décrocher un peu.

Il me semble qu’il ne faut cependant, pour autant, pas oublier comme il semble le faire que le numérique a aussi de nombreux effets positifs, et plus particulièrement celui d’une grande facilitation de l’accès à parole : la présence d’un réseau libre et neutre tel que celui pour lequel Illyse s’engage permet à quiconque d’exprimer ses avis et ses positions, à égalité avec les autres ; contrairement au modèle classique, dans lequel le fait, pour Cédric Biagini, d’avoir trouvé un éditeur acceptant de publier son livre lui donnait un poids supérieur à celui de la plupart des gens, condamnés à recevoir passivement sa prose. Internet, est (aussi) ce qui m’a permis d’user de mon droit de réponse en vous proposant cet article.

L’outil informatique nous apporte de nombreuses possibilités ; à nous de faire en sorte de prendre du recul par rapport à lui et de rester maître de nous-mêmes.


ITU et DPI, ca va péter

Une fuite de document de l’ITU fait le buzz ce soir dans les intertubes. Les chatons paniquent.

1. expliquer ce que c’est que l’ITU
http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_internationale_des_t%C3%A9l%C3%A9communications
c’est une agence internationale de régulaion des télécom dépendant de l’ONU
c’est aussi un puissant lobby qui influe sur la règlementation internationale au profit des gros opérateurs.

2. c’est quoi cette réunion à Dubaï ?
Conférence internationale des Télécomunications à Dubaï
programme officiel :
L’UIT convoquera la Conférence mondiale des télécommunications internationales (CMTI) à Dubaï (Emirats arabes unis), du 3 au 14 décembre 2012. Cette conférence, qui fera date, révisera le Règlement des télécommunications internationales (RTI), en vigueur – traité international ayant force obligatoire et conçu pour faciliter, à l’échelle internationale, l’interconnexion et l’interopérabilité des services d’information et de communication, ainsi que pour en assurer l’efficacité et l’utilité et les mettre largement à la disposition du public.

http://www.itu.int/fr/wcit-12/Pages/default.aspx

3. c’est quoi ce dossier
C’est un document de travail qui a fuité hier, volontairement ou non. On y trouve des recommandations concrètes et des cas d’application du DPI et de la QoS

Publication initiale de Cory Doctorow mercredi 5 décembre
sur http://boingboing.net/2012/12/05/leaked-itus-secret-internet.html
Yesterday morning, I wrote about the closed-door International Telecommunications Union meeting where they were working on standardizing « deep packet inspection » — a technology crucial to mass Internet surveillance. Other standards bodies have refused to touch DPI because of the risk to Internet users that arises from making it easier to spy on them. But not the ITU.
The ITU standardization effort has been conducted in secret, without public scrutiny.

Si ces recommandations sont appliquées, c’est la fin de la neutralité du net, et bonjour la dictature des grosses multinationales.

4. C’est quoi le DPI ?
Deep Paquet Inspection : techniques qui permettent à l’opérateur réseau d’analyser le contenu des flux. Ca lui permet de prendre des décisions de routage, priorisation en fonction du type d’application
Analogie la Poste : on voit où partent les enveloppes, on ne connaît pas le contenu, ni la source, ni le nombre de lettres envoyées par un émetteur donné.
DPI == centre de tri véreux, qui profile les expéditeurs, les destinataires et leurs échanges.

5. La QoS
Qualité de Service
La QoS est un moyen de donner la priorité à certains échanges sur Internet. À l’origine, c’est un outil purement technique, destiné à garantir le bon fonctionnement de certains usages. La téléphonie ou la visioconférence ont besoin d’un débit minimum pour fonctionner correctement, et la QoS permet de le leur garantir.
Une fois mise en place, elle peut être détournée afin de perturber le bon fonctionnement du réseau Internet. Par exemple, prioriser ou entraver certains échanges, dans un but commercial ou politique, en ralentissant le service d’un concurrent, en limitant l’expression de certaines idées..

6. Ca donne quoi tout ça ?
Maintenant qu’on a un peu expliqué la technique et le vocabulaire, on va pouvoir réfléchir un peu à ce que ca peut donner.
Un groupe influent d’industriels et de représentants de multinationales se réunit plus ou moins en secret dans un pays éloigné (de quoi? des intertubes?) pour décider comme ça de l’avenir des télécommunications. Outre le fait qu’on ne soit pas consulté, on peut noter l’opacité du procédé. Si ils décident de pondre une règlementation internationale, les gros opérateurs vont s’y soumettre. Mais ça risque aussi de servir de base aux futures négociations des traités de commerce internationaux (Acta, Sopa, Pipa, etc) qui tôt ou tard finiront dans nos lois nationales, avec la bonne excuse qu’on doit se confomer aux usages internationaux précédament négociés (sans nous)

– liens
http://reflets.info/l-itu-et-le-dpi-ca-va-etre-dur-dexpliquer-ca-a-ma-grand-mere/

Le document :

  • T09-WTSA.12-C-0030MSW-E2
  • le pdf parce que le docx ça craint un peu quand même T09-WTSA.12-C-0030MSW-E2

    10. profit ! -trolls

    42.

    — redaction collective Illyse : lémur, grünt, mit & jfm – contact@illyse.org


  • Rapport Terra Nova sur le Numérique

    La fondation Terra Nova publie un dossier avec des propositions concrètes pour l’avenir numérique de la France. La neutralité du net y occupe une bonne place. Espérons que ce rapport sera pris en compte par ceux à qui il est destiné.
    (suite…)